Vous le savez peut-être,épithèteque non,C’est le jour de la langue française,Cette langue à la fois plurielle et singulière.Qui plaît tellement Alain et à l’autre.Alors venant de rentrer le latin-mêmeLéger comme un coq tôt, et la barbe à ras,Paré de ma camisole de farceà Trappes,Et de mon accent tonique,J’ai vu Georges Moustaki ner sa guitare(Il paraît que cela rend beau)Devant Guy béatd’admiration,Faisant l’article avec ses attributsEn complément de son auxiliaire,Un peu féminin, et songeant au futur(C’était impératif!)Ils étaient là réunis dans le PrévertPlanté de six troênes où Carla brunitNicole sonne, avec Gérard deux par deux,Et où gambadaient la biche et l’éPagnol breton.Mais tout cela me Rabelais quelque chose Et cette histoire je vais vous l’Aragon ter,A condition que chacun participe assez,C’est l‘objet direct que je place avant tout.Je voyais Jean d’Ormesson et lumière,Plus que parfait et très démonstratifSa vie subordonnée à son plaisir,A son verbeet à sa verveQuoique sujet souvent à des crises,( Ici Emile en rit haut avant de descendre du matEt que ses ennuis voletèrent)Pendant que là, ( Il avait beau suer!)Robe-Grillet au soleilIls présentaient un Baudelaire de familleEt mes pensées- n’en déplaise à Pascal-( Cela langage que moi et vous demande Bardot)Hésitaient en essuyant les Sartre.Jean Paul, par un heureux Goncourt de circonstanceAvait beau voir Simone dans les parages(On sait que Simone veille)Il n’avait en tête (il espérait la ferrer)Que la MartineSe baladant avec la petite ColetteDe Sagan mère.Qui avait donné à Albert sa main.Tandis que Jacqueline huait(Il rend toujours hommage aux mèresEn laissant sa part en thèse)Mais il y avait beaucoup de mondeToutes ces stars de la scène Lupin,Desproges et des moins proches,Amis Debré ou de loin,Où chacun jouait son rôle en carrosse,Car cela ne Trump personnePar exemple ce Guillaume un peu lunaireEt ce Nagui de Maupassant,Venu seul et sans Guy NettiDe peur que René l ’accosteTandis que Georges marchaitCette Anne aux seins clairs( Qui trop s’ calme, sans que L’on ne comprenne jamais L’univers clos d’elle),Mais bien sûr Jupiter d’elle.Sans parler de Mistral,Toujours dans le ventPendant qu‘Edith piaffeEn partant de LyonCar elle est anti-gone.Et nul ne parle de FlaubertParce qu’avec lui le beau varieAlors qu’il vient de s’aLittréAprès avoir lu l’Algue atroceEntre ses murs graves.Mais comme il avait faim,Dans une pâtisserieIl agrippa deux beignetsAvec le fromage préféré de Wagner« La vache qui rit »En chantant : « Y a d’la soie ! »Puis il resta tranquille chez lui :L’amorphe au logisNon sans appeler la luneQui répondit : « Halo? »Mais tous ces drôles d’oiseauxMéritaient d’être recalés à l‘Oural,Je ne voyais pas où est l’bec,Même en cherchant vers l’Aisne.Ou du côté de Bern à NausseOù souvent j’écoutaisLe beau héros de Javel.Sauf si Mozart est là,Ou lorsque j’étais tristeComme cette américaine qui a vouluPérir par le feu au clair de lune :La riche crame au clair de lune.Ces gens de lettres pas toujours recommandés Dans la sphère de la MacroniteSurtout quand le poète plus haut que son cul.Avec une plume prospère mais riméeAprès avoir rendu à Pierre sa bague.Une fois Catherine langée.Et avoir lu le récit de George Sand :« Le chant du mal d’Aurore »Ou bien les fables de La Fontaine :L’heureux narre et la scie cogneLe menuet, son fils ZidaneLe songe d’un habitant en gondoleles animaux malades de l’inceste.La ville a joie et le cerf pendMais revenons au sujet.Chaque langue a ses amoureux et ses chanteursQui n’a pas aimé ces airsBrillants comme la flamme d’un cierge Gainsbourg Ou comme Bernard tapidans l’ombre,Ou comme Boileau qui détestait les clownsMais qui aimait l‘Epître Et chantait « La vie en prose» ?On ne sait plus à quel sein se vouer(Surtout pas les seinsd’abeille!)Et l’on risque une prothèse grammaire !J’oubliais Stéphane Mallarmé de patience Qui avait beau marcherPrès du petit Rousseau fait d’eau des Vian,Mais qui préférerait pêcher à la courte ligneEt ramener des rougets de l’île.Sur les pages du débarquementAprès tout, ses crises de nerfs valent celles des autresMême si , sans que sa volonté chancelle, il s’isola.Et il eut delerme à l’œil.J’ai envoyé ce message sur InternetOn m’a répondu : « De quoi j’me mail ! «Aux dernières nouvelles un cheval lié de la table ronde et l’abbé Dallongue,sont venus à Maison Carréedans le bureau ovalede Donald Trump-la-mort
Jean Piat vient de disparaître à 94 ans. Voici, le concernant, un extrait de mon livre « ARRIERE TOUTE » p. 468——————————————————–1980Je suis nouvellement installé au 67 boulevard Lannes, dans le dernier appartement d’Edith Piaf. 200 m2, superbe salon de 70 m2 où elle a enregistré la plupart de ses chansons.Un vendredi de juin mon ami PLK vient me voir et, à brûle pourpoint, me lance :- Que fais-tu demain après-midi ?- Rien de spécial je crois.- Bien, je t’attends vers 15h pour le café. Tiens-toi bien j’ai invité Jean Piat et Françoise Dorin.- Sans blague ? Ce sera avec joie bien sûr !Le lendemain, avenue Raphaël, 4ème étage :Présentation : Elle, calme, sereine,, l’intelligence à fleur de peau. Lui, toujours sympathique, Cyrano à l’œil pétillant.J’attends un moment, puis :- Savez-vous Françoise Dorin, que vous m’avez donné pas mal de travail, la nuit dernière ?- Qui moi ? Et comment par exemple ?- Eh bien J’ai eu la joie de voir et d’entendre aux « Deux ânes », votre père René Dorin, disparu il y a une dizaine d’années, je crois.- C’est cela en 1970, la même année que De Gaulle, mais là s’arrête la comparaison ! Il ne l’aimait pas beaucoup.Un silence, puis elle poursuit :- Et ce travail donc ?- J’ai tout simplement cherché dans mes affaires, jusqu’à ce que je trouve ceci :Je lui tends un petit fascicule : « Le grenier de Montmartre » N°6 édité par les Editions Méridian en février 1954, en précisant :- Voyez à la page 19 s’il vous plaît.Elle feuillette rapidement et s’esclaffe :- Ah ! ça par exemple !« Le français mesuré » par René DorinJean Piat s’avance, et lit par dessus mon épaule :- C’est extraordinaire, fait-il, d’avoir gardé ce truc depuis depuis 26 ans !Il semble jubiler. Puis :- Tenez, donnez-le moi, je vais le lire.Françoise Dorin applaudit comme une enfant :- Oui ! Oui !PLK a un petit air amusé et pose avec ostentation, son énorme cigare sur la table basse devant lui, à l’écoute du comédien, du grand comédien qui va se produire en privé chez lui !Cyrano se redresse, éclaircit sa voix et se lance :Le propre du françaisPar goût et par natureC’est d’abord la mesureTout le monde le saitNi trop ni pas assezNi pas assez ni trop Mais juste ce qu’il fautTel est son maître-motEntre l’ardente EspagneDe plaines et de montagnesEt son pays harmonieux et tempéréLe propre du français est d’être mesuréLe ton, le geste, la gouaille, l’ironie, tout y est : un régal !Nous avons beaucoup applaudi le talentueux interprète improvisé. J’ajoute alors :- Mais ce n’est pas fini, voyez page 15.Là elle découvre avec une joie non dissimulée un poème de Françoise Dorin, intilulé: « J’suis triste » .- Ecoutez, fait- elle, je ne vais pas vous le dire, mais je veux bien y ajouter un petit mot.- Je vous en prie, ai-je dit, j’en mourrai de plaisir !Et de sa main, déjà célèbre, en haut de cette page 15 :« 25 ans plus tard, beaucoup plus gaie – apparemment – et émue de votre fidélité, avec toute ma sympathie » Françoise Dorin
« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. »Trente-trois ans plus tard, film bouleversant de vérité et d’amour, l’amour de l’art, l’amour de la vie, l’amour d’une femme et celui d’un homme. Quelle leçon de dignité et d’humilité. Quelle sensibilité dans les situations les plus délicates.O Chaplin, tu es unique! Ton film est une apothéose, il me remue les tripes et m’arrache les larmes, comme la première fois.D’un seul coup, se sont effacés mon âge, ma situation présente et le cortège terre à terre de l’existence quotidienne. Et je me suis trouvé dénudé, pur, la face et les mains ouvertes, dans un don total à ce bouquet de poésie qui n’a pas pris une ride, et qui nous fait retourner au stade de l’enfant qui s’extasie quand scintille le spectacle.Et la fin qui approche, distille une angoisse envahissante qui se transforme progressivement en paniqueJe ne veux pas lâcher la main de Calvero, misérable et pitoyable, terrassé par la joie et l’amour.Ne nous quitte pas Calvero. Ta leçon est celle de la sagesse, ta philosophie de l’amour est éternelle, ton analyse de notre comportement est d’une finesse déconcertante. Tu es trop bon, trop généreux, trop fidèle, trop pur, trop pudique, trop tendre, trop fascinant, trop tolérant, trop bouleversant, trop sentimental, trop charitable, pour que nous ne regrettions pas de ne pas pouvoir te ressembler. Ta musique, cette autre image de toi nous imprègne et nous pénètre à tout jamais.Calvero-Chaplin, tu es un Dieu, un monstre sacré que l’on vénérera longtemps, longtemps…« Un monde dans lequel les gens ne riraient pas, ne mériterait pas d’être sauvé ! »Chaplin
Cette pièce écrite par Racine après l’énorme succès remporté par sa pièce précédente « Entre macs » qui a tenu l’affiche en Corse durant trois années, cette pièce donc met en conflit le pouvoir politique et la passion amoureuse, rappelant par certains côtés la passion avouée d’ Adrien Ier, le roi de l’illusion. La violence et la complexité de l’intrigue sont de retour sans rivaliser tout de même avec celles rencontrées dans « Entre macs », et la pièce se termine par une grande tuerie, ce qui peut heurter les âmes sans cibles. On y reconnaît bien sûr le sultan ottoman Mourad IV ( et pas un de plus!) sous le nom d’Amurat(ou à un autre) dans la pièce. L’intrigue est centrée (bien au milieu) sur l’un des frérot du sultan Bajazet (qui jasait d’ailleurs à tout bout de champ !). Sous le coup (très dur !) d’un arrêt de mort sorti de la gorge déployée ô combien du dit sultan (sul tas !) parti en cavale sans se retourner pour combattre les Perses ( Dont l’un perd ses polices), ce Prince (qu’on sort, bien sûr !) est pris comme dans un casse noisette à la Tchaïkovski, dans un triangle Bermudien amoureux, impliquant la pauvre petite Sultane de sa mémère adorée, restée seule à se tourner les pouces et le reste, au Palais impérial de Constantinople, anciennement Byzance et future Istanbul (Où l’on bosse fort !), où Mozart aussi , comme on le sait, entreprit non sans peine sa fameuse « Marche turque » (en la mineur) avantageusement imprimée dans la mémoire fructueuse de tous les pianistes de haut rang, dont je ne suis pas. En fait c’est un volet de l’histoire de la « des cas denses » de l’empire Otto ment avec en exergue plus ou moins emberlificoté, le déroulement d’une passion amoureuse un peu bancale, peu banale, originale, infernale, vénale, qui en terminale, finit en bacchanale ubuesque et sanglante, au détriment de la pauvre sultanelle chérie, qui juste après un bain turc, s’aperçut qu’une horrible tragédie s’annonçait. Et l’on vit dans ses yeux turquoise, en carat, toute la détresse et le désespoir, d’une femme prise au piège de l’amour, cette aventure que nous connaissons bien. Toutefois nous regrettons les passes d’armes si brillantes que nous avions connues dans « Entre macs » où le duo du milieu a tout de suite pris Racine dans le premier acte, non sexuel, mais fortement allusif, pour que l’ intrigue ne capote brusquement à l’anglaise. A. khan Am Allah
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