Archive pour mai, 2021

Britannicus révisité

MOI
 
Ma belle, ai tout prévu pour un endroit si juste
Le studio est tout prêt et j’en bombe le buste,
Ai redoublé pour toi mes soins officieux,
Et quand tu l’auras vu n’en croiras pas tes yeux,
Le loyer est correct et je n ‘ai qu’ une envie :
Dans ce nid tout nouveau nous fassions notre vie.
 
TOI
 
Mon ami c’est assez, je reconnais ce soin
Et ne souhaite pas que tu ailles plus loin.
 
  MOI
Quoi ! pour ton Roméo ton amour affaibli
Me défend…
 
   TOI
 
            Oui, mon cher, c’est pour moi moins joli !
 
   MOI
 
Je me garderai bien de là t’en détourner
Hélas ! je me suis vu tantôt emprisonner,
Ta réponse en mon cœur sera longtemps nouvelle,
Il n’est pas de secret que le temps ne révèle ;
Tu sauras que ma main voulait te présenter
Un nouveau nid d’amour que l’on peut apprêter,
Ton cœur de ce dessein pourrait-il se distraire
Et vas-tu condamner tout de que je veux faire?
 
 TOI
 
Je réponds de mon cœur et je vaincrai le tien !
 
      MOI
 
Quoi, veux-tu  rompre ainsi ce que fut notre lien ,
Vas-tu dire pourquoi, pourquoi ce sacrifice ?
 
        TOI
 
C’est prendre trop de soin, mais il faut que j’agisse,
Sans pouvoir te compter parmi mes ennemis ;
 
       MOI
 
Nicole mon amour, nous l ‘avions bien promis,
Quoi, l’oubli va -t-il prendre un souverain empire ?
 
        TOI
 
Pourquoi parler d’oubli, dis-moi, que veux-tu dire ?
 
            MOI
 
Tu me l’a fait comprendre il y a un un moment,
 
           TOI
 
Pardon ?
 
          MOI
 
Mieux vaut pour toi de se voir moins souvent,
Et pour nous éviter quelque courroux funeste,
On pourrait adopter un silence modeste,
Décrocher les tableaux c’est à faire en premier,
Les poèmes aussi qu ‘il faudra oublier…
 
           TOI
Mais dans ce cas, dis-moi, que veux-tu que je fasse ,
Ne vois-tu pas enfin que je suis un peu lasse ?
Si J.P un beau jour se montrait indiscret,
Je nourrirais alors un éternel regret ;
A cette occasion quel sera mon langage ,
Dans les larmes, la peur, veux-tu que je m’engage,
Et que Râ dans ce cas, effaçant sa lueur
Devienne tout à coup un signe de malheur ?
Il faut comprendre enfin la raison qui me guide !
 
MOI
Mais sans toi, tu le sais, il n’est rien que le vide !
Je suis interloqué par ce nouveau discours
Et tous tes arguments cela semble un peu court ;
De nos tendres serments perdrais-tu la mémoire ?
Mais non , c’est impossible et je ne puis le croire.
Il y a plus de huit ans nous nous sommes connus
Ces moments de ferveur ne sont pas retenus 
En effaçant ainsi le bonheur de leur règne ?
Quoi faut-il que j’en tremble et qu’à présent je craigne
Qu’il me faille oublier l’amour que j’ai donné ?
Tu le sais que pourtant il me tient enchaîné…
Oui, tu m’as vu toujours, ardent à te complaire
Tu ne peux le nier et dire le contraire !
Je me suis revêtu d’un pouvoir emprunté
Pour paraître avec toi en toute liberté ;
J’ai cent fois dans le cours de l’histoire passée
Fait preuve de patience et parfois insensée,
En craignant par moment ton sentiment moqueur,
Mais tu sais quel amour devait battre en mon cœur !
Quand tu doutais de moi, m’octroyant quelque crime
Je me plaignais du sort dont j ‘étais la victime,
Je ne voulais pas être au rang d’infortuné
De vivre ai commencé quand notre amour est né.
 
TOI
Ton projet mon amour, je ne puis l’entreprendre,
J’ai promis à J.P, il a fallu m’y rendre,
Je ne veux point déchoir en lui manquant de foi,
Et lui donner ainsi des armes contre moi,
Pourquoi dois-je montrer un courage inutile ?,
Mais je continuerai à t’aimer, sois tranquille !
 
 MOI
J.P ne pense pas je crois tout de qu’il dit
Quelle naîveté à mettre à son crédit !
Se peut-il que pour nous il ait quelque pensée ?
Il verrait par ce coup sa faveur abaissée,
Peut-être songe -t- il qu’il a tous les atouts
Sans devoir se munir d’une arme contre nous.
Et sais-tu dans ce cas ce qu’il oserait dire ?
« Adrien c’est pour toi comme un spectre du pire !
« ll croit être meilleur et qu’il a de l’esprit,
« Que tout autre que lui ne serait qu’un proscrit
« Sa seule idée en tête est assez singulière :
« C’est séduire à tout prix, la bien belle carrière !
« Des poèmes en nombre, aujourd’hui et demain
« Mais se peut-il qu’ils soient tous signés de sa main?
« En jouant du piano, aime qu’on l’idolâtre,
« Tout cela, on le sait, ce n’est que du theâtre!
 » C’est vrai, je le déteste et parfois, par moment
« Je voudrais lui montrer tout mon ressentiment !
 » Ah! ne peux-tu vraiment le forcer à se taire?
 
 TOI
 
Avec lui mon ami, il n’y a rien à faire…
 
   MOI
 
Mon amour qu’as-tu dit, c’est fini entre nous,
Pour te plaire veux-tu qu’on se mette à genoux
Tout effacer ainsi, vouloir tourner la page ?
 
     TOI
Bien sûr, n’insiste pas, oublie-moi et sois sage
Mes yeux se sont tournés vers un autre horizon
Je veux une autre vie, et plus que de raison
Alors, n’en parlons plus et finissons la chose
L’épine tu le sais est proche de la rose…
Publié dans:Poésie |on 31 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Ernani

C’est le dix-neuf mars mil-huit-cent-quarante-quatre
Après son Nabucco triomphant au théâtre,
Sur sa lancée encor, que Giuseppe VERDI
Toujours plus inspiré présenta Ernani.
 
Enormément d ‘action, du feu , de l ‘élégance,
Pour la Fenice, après un beau succès en France,
Par l’intrigue attiré, se dit : « Pourquoi pas ? Go ! »
Et choisit le sujet du drame de Hugo.
 
Mais comment évoquer ce don de la musique,
Surtout lorsqu’il s’agit de sa forme lyrique ?
Les Vénitiens choisirent et n’hésitèrent pas :
Le succès aussitôt et nul ne s ‘y trompa!
 
-:-:-:-:-:-:-:-
 
Le thème, il faut le dire, est autour d’une femme :
Elvira est fragile , héroïne dans l ‘âme,
Trois hommes la convoitent, ils vont se battre à mort,
Essayant à tout prix de conjurer le sort.
 
Ernani, tout d’abord, plein d’ardeur romantique,
Giovanni d’Aragon, c’est un noble authentique,
Voulant venger son père, il entre en rebellion
Contre le Roi d’Espagne, une loi du Talion.
 
Puis après, c’est Carlo, un monarque excentrique,
Les accords ambigus d ‘un baryton classique,
Il désire ardemment la troublante Elvira,
Ebloui par sa grâce, il jure qu’il l’aura !
 
L’oncle Sylva enfin, à l ‘idée abusive,
Qui veut cette soubrette à pudeur excessive,
Prodigieuse basse à l ‘ample diapason,
Dans la pièce aussitôt, va faire sensation !
 
ACTE I
C’est non loin du château de Sylva , grand d’Espagne,
Des bandits se restaurent et la torpeur les gagne…
Le Chef entre : Ernani, qui cache son vrai nom,
Car en fait , il serait un noble d’Aragon.
 
Son dessein avant tout: obtenir la vengeance
Du père assassiné ; Offrant leur assistance,
Ses compagnons alors vont promettre leurs bras,
Dans le projet secret d ‘enlever Elvira .
 
Car il sait qu’ en retour la jeune fille l’aime,
Elle est meurtrie hélas !dans un odieux dilemme :
Est promise à son oncle, un mariage bientôt,
Des présents somptueux affluent dans le château.
 
Mais dans ces nobles lieux Don Carlo se présente,
Amoureux lui aussi de cette belle Infante,
Venu incognito, mais on le reconnaît,
Elvira le repousse et va lui rire au nez !
 
Saisissant un poignard, elle veut se défendre,
Se débat, comme folle, et ne veut rien entendre ;
Mais arrive Ernani voulant la protéger,
Entre ces prétendants un duel va s’engager.
 
Sylva arrive, outré de voir en sa demeure
Ces deux hommes ici exercer leur fureur !
Il reconnaît le roi, l’ hommage lui est dû,
Puis à la liberté Ernani est rendu.
 
ACTE II
Dans le château en fête on prépare la noce,
Elvira, quel destin ! pour cette pauvre gosse ;
Un ermite entre alors, veut l’hospitalité,
Se révèle Ernani par son identité.
 
Comme présent nuptial il veut livrer sa tête,
De mourir avec lui Elvira se dit prête,
Mais le roi intervient, réclame le bandit ;
L’hospitalité règne, et Sylva interdit !
 
 Le roi est ulcéré, va ordonner la fouille,
Mais tous les chevaliers vont revenir bredouilles !
Elvira dit au roi de se montrer clément,
Celui-ci lui lui confirme encor son sentiment.
 
Ernani se découvre et sort de sa cachette ;
Mais intervient Sylva qui réclame sa tête,
L’infortuné lui cède, il n’a plus d’autre choix,
Voulant voir Elvira une dernière fois.
 
Sylva veut tout savoir, à tout prix , il réclame,
Mais le roi est parti avec la belle dame,
Pour Ernani alors, un seul souci majeur :
Venger la jeune fille et sauver son honneur !
 
Les deux hommes concluent un infaillible pacte :
Ernani est sauvé pour le moment, dont acte !
Mais quand sonnera l’heure un cor le préviendra :
Et le jeune homme alors la mort se donnera…
 
ACTE III
Sépulcre souterrain, tombe de Charlemagne,
Visite dans la nuit de Carlo Roi d’Espagne,
L’accompagne en ce lieu, Riccardo, son féal,
Il se voit couronné sur le trône impérial.
 
Viennent les conjurés, Ernani à leur tête.
Il veut avec Sylva faire la place nette
En tuant le monarque, il s’en remet au sort :
Lui même est désigné pour cet acte de mort.
 
Mais trois coups de canon tonnent dans cette enceinte :
Carlo est Empereur, victoire en demi-teinte,
Car la menace est là, subsiste le danger ;
Il décrète la mort pour tous les insurgés.
 
Mais voici Elvira, entre temps arrivée,
Implorant le pardon, que peine soit levée !
Devant ce pur élan l’empereur a fléchi
Par ce geste sauvant le destin d’Ernani.
 
Accorde en même temps la main de la pucelle,
Au nom de la grandeur, à cet ancien rebelle,
Mais dans l’ombre Sylva prépare un mauvais coup :
Il aura sa vengeance, il en tient les atouts !
ACTE IV
Le Palais se réjouit, la noce se prépare,
Mais un homme masqué, surgi de nulle part,
On entend résonner les trois appels du cor,
Sous le masque Sylva fait appel à la mort !
 
Il exige son dû, veut d‘Ernani sa vie,
Qu’il tienne sa parole, ce qui est dit, est dit !
Le poignard a joué , Elvira s’évanouit
Sur le corps bien-aimé, la vengeance assouvie…
 
-:-:-:-:-:-
 
Opéra d’exception, invention mélodique,
Dans des rytmes ardents et couleurs dramatiques,
De l’orchestration , un élan flamboyant
Qui se déploie ainsi qu’un souffle éblouissant !
 
La puissance et la fougue en un ton d’épopée,
Un fastueux roman et de cape et d’épée,
Magnifique décor, costumes somptueux,
La représentation n’a fait que des heureux !
 
Et la distribution…les mots sont dificiles :
Ce Ludovic Tézier, cette voix, et ce style,
Baryton de haut-vol, ton dense et chaleureux,
Mais rappelons qu’il fut un Scarpia ténèbreux !
 
Et puis Ramon Vargas, un Ernani splendide,
Dans le rôle fétiche: amoureux intrépide,
Fut Cavaradossi, et bien d’autres encor,
Semble un des derniers rescapés des ténors.
 
Cet ancien du Bolchoï , et talent et hardiesse
Fut un Escamillo et Méphistophélès
Le grand Vinogradov, la basse qui confond,
Tonalité unique, un diapason profond.
 
Enfin douce Elvira, si fragile et gracieuse,
Un destin contrarié, émouvante amoureuse,
Parfois dans Buttertfly, bulgare soprano
Svetla Vassilieva, charma Montecarlo ! 
 
Publié dans:Poésie |on 31 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Rachmaninov ( Concerto N°2)

Le voilà ce concerto N°2
De Rachmaninov
Ecrit au début 1900
Quelque peu avant
La composition
De sa sonate
Pour piano et violoncelle
 
Il est créé à Moscou
En octobre 1901
Par le compositeur au piano
Sous la baguette
D’Alexandre Siloti.
Et obtient
Un succès considérable
Jamais démenti depuis.
 
Cette composition intervient
Juste après
Les trois ans de dépression nerveuse
Suite à l’échec
De sa première symphonie
Mise à bas
Par des critiques impitoyables
 
Grâce au traitement par hypnose
Du docteur Dahl,
Il arrive à surmonter cette crise
En composant ce concerto
Qu’il lui dédie
Et il retrouve toute sa créativité.
 
On retrouve
La forme traditionnelle du concerto
En trois mouvements:
Moderato
Adagio sostenuto
Allegra scherzando.
 
Bien des interprètes
Ont souffert,
Dans leur prestation
En raison
De la taille demandée
Dans l’empan de la main.
( dix espaces à la fois)
 
On peut penser que ce concerto
Pourrait être une sorte
De cadeau musical
Des différentes étapes
Pour aboutir à sa composition
L’oeuvre retracerait ainsi
La propre gestation
Du compositeur,
Comme une façon de surmonter
Définitivement
La crise qu’il vient de traverser.
 
Ainsi, aux premières mesures
Il émerge peu à peu de sa torpeur
Et une fois éveillé
Il se remémore
Les épisodes de cette souffrance
Qu’il vient de traverser.
En une gigantesque anamèse
Il voit défiler de son passé récent
Les moments douloureux
De cette difficile période
D’où le ton grave et torturé
De ce premier mouvement
Qui nous étreint le cœur
 
Ensuite
Concernant l’adagio,
Chassé ses mauvais souvenirs
Rachmanov
Revient doucement à la vie
Mais son geste
Reste fragile, léger, hésitant
Mais porteur d’espoir.
Comme on verrait poindre
Une aube claire
Après une nuit peuplée de cauchemars
 
 Enfin
Avec l’allegro scherzando
Le ciel devient clair
La lumière jaillit
Et le musicien
Semble à présent
Goûter pleinement
Les plaisirs et la joie de l’existence
Retrouvant foi en lui-même
Et surtout
En ce qu’il a de plus précieux
Le miracle de la musique.
 
Ce concerto
Qui chaque fois m’émeut aux larmes
Est plein de poésie
De beauté,
De chaleur
Richement orchestré
D’une créativité saine et vigoureuse
Et sous chaque note
Eclate le talent de Rachmaninov
 
Ce concerto en do mineur
Est devenu une oeuvre mythique
Où vont s’illustrer
Les Eskenazy, Richter, Tharaud, Grimaud
Elle recèle
Une dimension de résurrection
Que l’on entend déjà
Dans les premières mesures
Avec des accords crescendo
Qui sonnent comme un glas
 
En fait, cette dépression
A ttiré le compsiteur
Comme au fond d’un puits
Et quand il écrit cette œuvre
Il vient de toucher le fond.
L’hypnose
L’emmène à mi -chemin
Entre l’ici et l’au-delà.
 
 Mais la dépression est encore là
Présente dans chaque note
 A Moscou, Paris, New York
Cette pièce a été décrétée
Comme un chef-d’œuvre
Ce qui est un cas unique
Dans l’histoire de la musique
On sent une atmosphère de printemps
Tout en mouvement
En renouveau
Où la musique
Traverse des paysages atmosphériques
Les plus opposés
Mais elle va
Vers la clarté
Et la lumière
Publié dans:Poésie |on 30 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Au Bel Canto

Dans un Paris by night où la rumeur s’apaise
Voici le Bel Canto, un temple du plaisir,
On entre cœur léger et l’on s’y sent à l’aise
Détente, oubli, relax offerts tout à loisir.
 
 Repas de Lucullus, finesse du service,
Le choix des plats, des vins, ne fait que des heureux
les desserts délicats prisés avec délice,
Soubrettes et garçons jeunes gens chaleureux.
 
 Et puis là, tout à coup, un sursaut général :
Les filles et garçons transformés en chanteurs,
Ténors et barytons, sopranos…c’est le Graal !
Et le ravissement de trilles enchanteurs 
 
 De Berlioz à Verdi, Puccini à Mozart
D’un air célèbre à l’autre, une échelle vocale,
La gamme des talents et le sommet de l’art
Dans un hymne joyeux la fête musicale !
 
 Traviata immortelle au bord de la souffrance,
Alfredo en échos , indéfectible amant,
Un duo frémissant dans une transcendance,
Complainte passionnée, amour au firmament !
 
 En Verdi renaissant voilà l’instant magique
Et les accents vibrants d’un « libbiamo » en chœur,
Les flûtes s’entrechoquent en sourire, en musique,
La convivialité qui vous crie : « Haut les cœurs ! »
 
 Lui, à la voix tendre, allant de table en table,
Un adepte aguerri de scène et d ‘opéras,
Elle, qui lui répond, discrète et vulnérable,
Comme ils voudraient soudain s’enfouir dans leurs bras !
 
 La mezzo-soprano en Magnée Aurélie,
La belle soprano en Michel Jennifer,
Le super baryton est Mathieu Abelli,
Le ténor Don Wook Shin, truculent savoir- faire !
 
 Les trois valses, Carmen, Traviata, Bellini
Lakmé, Rigoletto ,et chacun dans son rôle,
Sublime Amadéus dans Cosi fan tutti,
Et puis d’autres encor , finale en Barcarolle.
 
 Alexis Dubroca de Chopin l’interprète :
Le style et le talent, toute la salle est prête
Dans un élan d ‘ensemble à l ‘ovationner !
Voilà le temps qui passe et l’heure va sonner.
 
 Chacun voit à regrets s’éteindre les lampions,
Les invités d’un soir ne sont plus que des pions
Sur l ‘échiquier vacant d ‘une fête endormie,
Où l’on a vu dans l’ombre Euterpe et Polymnie.
 
12 sept 2013
Publié dans:Poésie |on 30 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Quand je monte

Quand je prends l’escalier pour monter jusqu’à Râ

Me demande parfois le cœur gelé de glace

Dans notre nid intime est-ce qu ‘elle viendra

Retrouver les baisers qui fleurissent sur place ?

 

 Tant de marches encor qui n’en finissent pas

Je les compte une à une, ainsi en ribambelle,

Je suis impatient : Plus je presse le pas,

Plus j’attends le miracle où se cache la belle.

 

 Puis enfin me voici à l ‘étage attendu

Essoufflé, hors d ‘haleine et prêt à la surprise :

Retrouver tout joyeux le paradis perdu,

Respirer le bonheur comme un souffle de brise !

 

Je ne suis plus le même et mon cœur veut s’offrir,

Comme un enfant heureux qui vient et s’abandonne,

Dans la source d’amour impossible à tarir !

Dans un rêve je sens mon âme qui se donne…

Publié dans:Poésie |on 29 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Tannhauser

La mouche m’a piqué comme un rayon laser
Pour aller voir ce soir le fameux « Tannhaüser »
L’autoportrait  dit-on du grand Richard Wagner
Mais j’irai seul hélas ! sans quelque partenaire.
 
Me méfiant toujours lorsqu’un compositeur
Veut écrire un livret sans recours d’un auteur ;
J’attends tout simplement ce que donne cet œuvre
Si digne d ‘ intérêt , qu’on en donne la preuve !
 
Mais avant d’aborder ce spectacle présent
Essayons de revoir ce qu’est cette légende :
Elle serait dit-on française – est-ce amusant!-
Italienne peut-être ou de source allemande…
 
Poète – chevalier , Tannhaüser est pris
Dans les rets de Vénus la déesse hellénique,
Ayant abandonné – l’entourage est surpris-
La douce Elisabeth triste et mélancolique.
 
Là, dans le Venusberg se délecte aux plaisirs
Que prodigue la belle avec charme et science,
Mais ayant à la longue assouvi ses désirs
Décide d ‘écourter l ‘érotique romance.
 
Misérable et honteux revient parmi les siens
Où l’accueil est houleux, on flétrit le coupable,
Il ne retrouve plus de ses amis anciens
La chaleur de jadis : On le hue, on l’accable !
 
Mais le Landgrave alors organise un tournoi :
Chacun doit dire ce que l ‘amour représente ;
Wolfram autre poète annonce en bonne foi
Qu’IL n’est que pureté qui l’oppresse et le hante.
 
Tannhaüser à son tour donne sa version
Plaidant pour un élan de chair voluptueuse,
Jouissance suprême est sa seule option
Et toute autre pensée est une route creuse !
 
« Malheureux ! criera -t- il, que parlez-vous d’amour,
Vous qui ne savez rien de cette belle extase ,
Jusqu’au Mont de Vénus mais allez donc un jour
Dans vos discours alors vous perdrez votre emphase ! »
 
« Va chercher lui dit-on à Rome ton pardon
Et quand tu reviendras béni par le Saint-Père
Nous t’ouvrirons les bras ici dans ta maison,. »
Violence de propos où chacun vitupère..
 
Le chevalier , après son fol égarement.
Rejoint les pèlerins sur la route fidèle.
Longtemps Elisabeth attendra le moment
Du retour espéré de cet amant rebelle.
 
Il revient toutefois cet illustre amoureux
Surpris par le landgrave un soir dans la vallée ;
Qui le reconnaîtrait habillé comme un gueux,
Sa superbe d ‘antan où donc s ‘en est allée ?
 
Impatient Wolfram vient pour l’interroger :
Cette conversion l’a -t- il faite sienne,
A -t-il pu jusqu’au bout affronter le danger
Et trouver le pardon sur la terre italienne ?
 
Mais non ! Le grand puissant a enfoncé le fer
A la contrition n ‘a pas été sensible :
« Lorsque l’on a brulé les flammes de l’enfer
On ne retrouve plus préceptes de la Bible. »
 
 Alors désemparé , le héros rejeté
Tente de renouer avec Vénus l ‘impure ;
Un écho laisse entendre un prénom enchanté :
Celui d’Elisabeth…Il succombe au murmure.
 
Le péché qui s ‘efface…Apparaît le cercueil
Orné de mille fleurs de sa douce amoureuse ;
Mais à son tour pour lui la mort est sur le seuil
Lui offrant au final comme une fin heureuse…
 
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Sur la scène à présent retournons curieux :
On voit un lit défait, une femme allongée,
Un artiste attentif à ces flancs généreux
A grands traits la dessine : Elle semble figée.
 
Quand il vient s’approcher pour lui prendre un baiser
Elle s’anime alors, douce, voluptueuse…
Plusieurs peintres rejoignent , autour d’eux vont danser
Un cadre sous le bras ; une ronde fiévreuse.
 
Se roulant sur le sol ils se mettent à nu,
Vénèrent le modèle aux formes de déesse,
C’est Vénus en sa gloire et le moment venu
S’aspergeant de couleurs ils sombrent dans l’ivresse.
 
Elle se lève alors , ses charmes réunis,
Et fait déambuler sa troublante personne
Au milieu de ces corps de luxure alanguis
Puis frôle les tableaux alignés en colonne.
 
Le peintre semblant fuir au ciel des bienheureux,
Comme ivre de bonheur s’allonge sur la couche ;
Se réveille soudain , trouve l’endroit scabreux,
Repousse le démon qui veut prendre sa bouche.
 
 Il inspecte un à un les tableaux près du mur,
Il pense être sorti de quelque mauvais rêve
Demeurer dans l’orgie il ne se sent pas mûr
Voulant se libérer il demande une trêve.
 
Il veut fuir à présent les excès de l’amour
Malgré tous les assauts de la belle enjôleuse,
Il ne sait pas encor , reviendra -t- il un jour ?
Il craint d’être enchaîné sur la pente douteuse.
 
Elle veut se venger en prenant le tableau
Mais il l ‘ a devancée et le projette à terre ;
On entend distiller d ‘une flûte un solo,
Elle insiste pendant que lui va se soustraire.
 
Les autres sont venus reprendre leurs dessins
Et l’on entend alors jaillir un chant grandiose
Qui monte comme un chœur en un vibrant festin.
Il retourne au pays pour défendre sa cause.
 
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Elisabeth heureuse , accueille son héros
Dans les lambris dorés d’un salon de peinture
Lui redit son amour, cette absence était trop,
Un merveilleux duo sur la belle aventure…
 
Dizaines d ‘invités , inauguration,
Du champagne à gogo puis chœur de bienvenue
L’enfant prodige est là, félicitations,
Et l ‘on se congratule enfin de sa venue !
 
Sur un thème d’amour s’ouvre un concours de chant
Le premier le décrit comme élan idyllique
Mais lui Tannahaüser dans un élan touchant
Prône amour sensuel et l ‘ébat érotique.
 
 Un tollé général où chacun est outré ;
« Pour avoir son pardon qu’on le renvoie à Rome ! »
Elle défend en vain le héros vénéré
Grand jeu de harpe et chœur soutiennent le jeune homme.
 
 Des voix venant du ciel tentent de le sauver
Mais tous vont s’acharner en exigeant sa fuite
Il n’a plus qu’ à partir , son âme à retrouver,
Renoncer au péché car chacun l ‘y incite .
 
-:-:-:-:-:-:-::-::-
De nouveau au Wartburg, le semblable décor
On voit ce lit défait , désordre en ribambelle;
Elisabeth paraît , espère -t- elle encor,
Alors que c’est Wolfram qui vient s’approcher d’elle ?
 
Il clame son amour mais elle est tout dédain.
Arrive un pèlerin , Tannhaüser lui même :
Il conte son voyage à Rome restant vain
Porteur à tout jamais de l’infâme anathème.
 
D’autres peintres en nombre un cadre sous le bras
Envahissent la scène et s’épanchent en chœur,
Elle court parmi eux stigmatisant l ‘ingrat
Qui veut s’en retourner au Mont de l’impudeur.
 
Il retrouve Vénus, mais à ce moment-là
Passe devant ses yeux la vision funeste
Du corps d’Elisabeth, et résonne le glas
Il ira la rejoindre au royaume céleste.
 
-!-!-!-!-!-!-
 
Avec habileté Wagner a su garder
La délicate ligne entre fiction et mythe
La poésie affleure et viendra nous guider
Car jamais l’intérêt va faiblir ou nous quitte.
 
Et musicalement , andante maestoso
Dans l’exposition en début d’ouverture
Puis avant de s’éteindre un élan crescendo :
Le chant des pèlerins ouvrant cette aventure.
 
Et sans transition, leit-motiv de Vénus
Dans un bel allegro où l’on sent que s’exprime
La passion du héros aux accents soutenus,
Puis théâtralement le mouvement s’anime.
 
 Et quatre actes durant leit-motiv sont repris
Sous forme de arias ou parfois de romance
Avec enchaînement de ballets , de récits,
Des vivace , stretto se lient en excellence…
 
Musique et poésie s’élèvent à l’unisson
Conception sublime en véritable osmose
Alternativement amour et religion
Habitent le héros en un cadre grandiose .
 
Du mystère de l’âme et le poids du destin
Interprétation profonde et pathétique
Entre l ‘amour réel qui fleurit le chemin
Et la mort attendant à l ‘heure fatidique.
 
Entre pur égoïsme réflexe de l’humain
Et l’amer mouvement tendant au sacrifice,
Entre vœu d’Idéal, paradis incertain
Et l’attrait de nos sens que nous mettons en lice.
 
La musique montre bien son rôle transcendant
En soulevant ici par son pouvoir unique
Cet élan passionnel, apaiser entretemps
Le désir, la raison dans un débat mystique.
 
Faire tout pressentir mais sans rien expliquer
Le secret de cet art dans son ressort intime
Que l’on peut exposer mais sans le compliquer
Pour qu’il garde, expressif, son image sublime.
 
-:-::-:-:-:-:-:-
 
Les bravos vont d’abord à Christopher Ventris
Superbe Tannhauser glorifiant le thème,
Langoureux , attristé , véhément ou contrit,
Romantique à souhait quand il chante un « Je t’aime ! »
 
 Et puis à Nina Stemme, artiste de renom
C ‘est une Elisabeth légère et radieuse
La tenue et l’ apprêt, tout dans l’exception,
Endurance à mi-voix, présence lumineuse.
 
 Dans la direction d ‘un orchestre vibrant
Avons Sir Mark Elder, maestria, prouesse
Maîtrise tout au long d’un chemin délirant
Qu’impose le héros entre fougue et ivresse.
 
Mais nous n’oublierons pas, dans une main de fer
La réussite enfin de cette mise en scène
Difficile entreprise avec Richard Wagner
Le défi relevé par un Robert Carsen.
 
-:-:-:-:-:-
 
CODA
 
Mais il faut souligner le tableau bien osé
Qu’incarne Sophie Koch nue et voluptueuse
Dès le début de l’ œuvre où son corps exposé
Nous offre une Vénus lascive et langoureuse.
 
Bien sûr il faut le dire : image sans pudeur ;
Ne nous en plaignons pas ; Était-ce bien utile
Dans ce drame brillant du grand compositeur ?
Stigmatiser la chair ? Mais de façon subtile…
Publié dans:Poésie |on 28 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Retour au fond

Je ne sais pas pourquoi
Cette nuit
Je suis redescendu dans la mine
L’obscurité
Le f’roid
Trempé jusqu’àux aux os
Pendant plus de huit heures
Les explosifs à manipuler
Permanent risque d’éboulement
Sauve qui peut
Avant l’inondation
 
 Six marteaux-perforateurs
Qui hurlent ensemble
Rideau de vapeur huileuse
Qui empêche de voir à plus de 50 cm
Bruit infernal
Qui déchire les oreilles
« Allez ! Il faut qu’ça saute ! »
Vient de hurler le porion
 
 Des géants du labeur
Statues de bronze antiques
Muscles tendus à l’extrême
Colosses dans l’effort
Fatigue, connais pas
Sueurs froides
Antichambre de l’Enfer
 
 Dynamite à tout va
Dans sa gaine plastique
Au fond des trous forés
Retrait des machines
Recul des hommes
Vérification à l’ ohmmètre
Signalement du danger imminent
La clé
Qui tourne dans la dynamo
C’est parti
 
L’explosion
Comme une énorme secousse sismique
Elle se perpétue
Le long des échines
On revient avec précaution
Des fils de détonnateurs
Qui indésirables
Pendent encore
Attention
N’y touchez pas
 
Casse-croûte
On mâche de la silice
Pour alimenter sa poitrine
Un peu de café
Au goût amer
Juste quelques minutes
D’absence
 
La pelle mécanique
Géant monstrueux
Entre en action
Dans un épais nuage de poussière
On crache ses poumons
Wagons lourdement chargés
Des tonnes à emporter
Des heures durant
Laisser le chantier
Impeccable
 
 Le poste suivant
Arrive et se met en place
Nouveaux candidats à la peine
Ouf!on s’en va
C’est bon pour cette fois
Jusqu’à la prochaine
Asperges serrées à 18
Dans ces ascenseurs
De deux mètres carrés
Libérateurs
La cage qui danse
Indécise
Le long de son câble plat
 
 Là-haut
L’air pur enfin
On avait oublié
Vêtements trempés
A accrocher
A la chaîne de la salle des pendus
Triste nudité
Sur les peaux blanches
Frissonnantes
La douche qui revigore
Quelque peu
Même si l’on sait
Que c’est provisoire
Et que demain
On remet cela
Bon gré malgré
 
On laisse son corps
A la mine
Sa fatigue
Ses efforts
Sans retenue
Mais on ne peut vraiment pas
La quitter
Comme une maîtresse
Insatiable
Qui vous tient
Sans jamais
Vous lâcher
Publié dans:Poésie |on 28 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Sortie de la mine (Sonnet)

Dans le fond ténébreux de ces veines obscures
Les mineurs apparaissent en marchant lentement,
Leur falot presque éteint qui vacille un moment,
Découvre ces corps nus rarement sans blessures.
 
Leur visage est couvert de poussières impures,
Boueux, suant, soufflant dans leur épuisement,
Ils fixent les degrés qu’ils montent gravement
Comme on vient du supplice avec des meurtrissures.
 
Ils vont sans dire un mot, en pauvres pèlerins
Harassés par l’effort, la longueur des chemins,
Les yeux mornes, éteints, sans lumière et sans vie.
 
Dans l’antre de charbon, dans ce noir univers
Le cortège s’étire, et leur œuvre accomplie
Des fantômes errants surgissent des enfers.
 
Tunisie 1947
Publié dans:Poésie |on 26 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Poste de nuit

Constamment tenaillés entre les dents d’airain
D’un épuisant labeur et d’un pressant sommeil
Les mineurs doivent tous se tenir en éveil
Et forcer la nature en gardant leur entrain.
 
Leur regard qui s’éteint n’a plus d’aspect humain
Mais dans leurs yeux jaillit un reflet sans pareil
Lorsqu’au bout du trou noir des bribes de soleil
Font naître une lueur dans un jour incertain.
 
Dans cette obscurité devenue oppressante
Soudain cette lumière est pour eux caressante
C ‘est le soutien moral annonce de la fin.
 
Après le lourd fardeau des heures effroyables
Tombant sur leur grabat ils soupirent enfin
Et leurs corps ne sont plus que loques pitoyables !
 
Oum-Douil Décembre 1947
Publié dans:Poésie |on 26 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Où sont mes tiges d’antan ?

Mes pensées courent sans mes jambes
Dans cette nuit apode
Mes yeux s’ouvrent avec difficulté
Dans le black-out général
Où je cherche un appui, un signe,
Pour m’empêcher de boiter.
 
 Passe parfois dans l’obscurité
Un spectacle étrange:
Entouré de cinq voyelles lumineuses
C’est la jambe de Rimbaud
Qui traverse, torturée
Les ténèbres des poètes.
 
 Les jambes flottent insensibles
Sur un alexandrin bancal
Rescapé de douze apôtres
A l’heure blanche de la nuit
Et moi, Lucifer clopin-clopant
Je m’agrippe aux ombres livides.
 
 Dans un impossible enjambement
Aux poteaux instables
Je vais en ingambe mal campé
Claudiquer dans un silence hostile
Repoussant avec horreur
Un rêve de cul-de-jatte.
 
  Mollets à la traîne, fémurs récalcitrants
Couturiers déficients, abducteurs en vadrouille
Cliquetis de mes os, chuintement sinistre,
Je vacille, je titube, je flageole,
Lointaine sustentation,
Pleure en sol mineur mon astragale.
 
 Marcher, trotter, courir, que non !
S’asseoir devant la fenêtre, écrire,
Ne plus mettre les pieds dans le plat,
Fantassin réformé, trublion invalide,
Infirme interloqué devant un chausse-pied inaccessible,
Glorification de mon bas fonds.
 
Sommeil impossible du lit au fauteuil
Combat douloureux du fauteuil au divan
Impuissance détestable, cheminement d’aveugle,
Des objets qui me heurtent, des murs qui se dérobent
L’appui inexistant pour cette tour de Pise
Ne pas tenir debout, avec cette rage au cœur!
 
 Ne restent que les bras, ne restent que les mains
Pour mordre dans la vie offensive,
Ne reste que la tête, ne reste que l’esprit
Pour s’imaginer encore en équilibre
Je demeure confiant et garde la patate
Même si le destin veut me couper les pattes !
 
13 Oct. 2009, 2h50
Publié dans:Poésie |on 25 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Jardin d’automne

De bonne heure hors du lit plus tôt que de coutume
Dans le matin ouaté enveloppé de brume
Je foulais le tapis qui crissait sous mes pas
Dans ce jardin d’automne où tu ne viendras pas.
 
 Adieu l’enchantement de longues promenades
Où j’égrainais souvent des histoires sans fin,
Des souvenirs dorés, des chansons, des aubades
Douce félicité de ta main dans ma main.
 
 Dans le matin ouaté enveloppé de brume
Se brouille en mon regard l’image du passé
Où germent tour à tour des regrets d’ amertume
Impossible retour d’un remake glacé.
 
 Mais ton visage d’ange à la grâce diaphane
Transparaît irréel au bord des frondaisons,
Notre Rose d’amour s’alourdit et se fane:
Et pourtant je t’aimais bien plus que de raison,
 
O toi, l’étoile d’or de tout mon univers
Que je retrouve ému en écrivant ces vers,
Tu n’es que dans mon rêve et ton ombre s’efface
L’illusoire bonheur vient de laisser sa place…
1985
Publié dans:Poésie |on 24 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Palm Beach

Où sont donc les palmiers caressés par la brise
Ce vol majestueux, gracieux pélicans,
Vous, décors fastueux dont mon âme est éprise
Vous reverrai-je quand ?
 
 Où sont donc les rais d’or de la coupole bleue
La luminosité de ce ciel de cobalt
Retrouverai-je encor cet Eden des heureux
Quand ferai-je une halte ?
 
 Les multiples regards de la profonde nuit
Où sont donc les secrets des étoiles lointaines
Clignotements blafards, l’espace qui s’enfuit
Réponses incertaines.
 
 Ce baiser amoureux au sable son amant
Où sont donc les échos de la mer envoûtante
La vague qui frémit sur la grève en mourant
Ce trémolo qui chante.
 
 Où sont donc les baisers abimes de plaisir
Les caresses sans fin, l’amour qui vous dévore,
L’extase à son sommet , l ‘ivresse du désir,
Reprenez-moi encore!
 
 Où sont donc les tourments de ces nuits sans sommeil
Héroïques combats des refus sans prestige,
Cet envol sans retour à nul autre pareil
Laissez-moi mon vertige!
 
 Où sont donc les émois où la main dans la main
Nous courions sur la plage offerte au crépuscule,
Sans le vouloir ainsi nous tracions le chemin
D’un souvenir qui brûle.
 
 Les timides propos dits sans dessus dessous
Où sont les premiers mots tout bas au téléphone
Refus du premier soir: « Quand nous reverrons-nous ? »
L’amour pèse une tonne.
 
 Les rondes de l’avion , minutes sans éclat,
Où sont donc ces moments d’attente exacerbée
Ton regard entrevu, soudain mon cœur qui bat
Comme à la dérobée.
 
 Tout se brouille ce soir, c’est le flou dans ma tête
Car tant d’événements nous ont mis le holà!
Les lampions sont éteints sur cette heureuse fête
Le Destin était là!
 
1980
Publié dans:Poésie |on 24 mai, 2021 |Pas de commentaires »

L’étau

C’est un petit oiseau blessé
Réfugié dans son silence
Ses grands yeux ouverts
Qui interrogent
Et ne comprennent pas
 
Que lui arrive -t- il ?
Pourquoi subitement tient-il à peine
Sur ses petites jambes de 5 ans
Pourquoi n’a -t- il plus
Ni faim, ni soif,
Et puis
Plus rien ne le fait rire…
 
Il promène son regard triste
Autour de sa chambre
Qu’il reconnaît à peine
Juste un éclair de vie
Quand il rencontre les yeux attendris
De sa maman crucifiée
Voulant en se cachant
Enfouir ses larmes
 
Il redoute chaque jour
Cette méchante femme en blanc
Qui vient faire des trous
Dans sa peau
Entre deux gestes forcés
Il dort
Il dort ce petit oiseau blessé
Réfugié dans sa souffrance
 
Et il rêve
Il rêve des petits camarades d’école
Qui courent à la récréation
Qui dévorent leurs goûters
Qui chantent avec la maîtresse
A l’approche de Noël
 
 Il rêve
D’entrer avec eux dans la farandole
Autour du sapin illuminé
Sous les lampions fabuleux
Qui clignotent dans la joie de vivre…
 
 Mais son sommeil le secoue
Il dit « Non ! »
Ou agite un petit bras dans le vide
Comme pour lutter désespérément,
S’accrocher à l’existence
Se révolter aussi
Du haut de ses 5 ans
Contre cette chose
Qu’il ne comprend pas
Il semble alors
Que sa petite bouche défaite
Murmure faiblement :
« Pourquoi,
Pourquoi ? »
 
 Matins difficiles
Immergés dans une sorte de brouillard
Jusqu’alors jamais rencontré
La voix maternelle, si tendre,
Qui l’appelle
Des bras légers, généreux,
Qui le serrent doucement
Des rayons de soleil
Derrière la fenêtre
Qui veulent absolument
Que la vie continue de palpiter
Dans ce petit cœur
D’oiseau blessé
Réfugié dans son silence
 
 Chaque rayon
Est comme une étincelle
Qu’il voudrait gravir
Pour atteindre la lumière
Sa lumière d’avant
Sa joie d’enfant de 5 ans
Qui gambade dans la cour de l’école
Qui joue avec ses grands frères
Qui chantonne gaiment
Sur cette musique qu’il aime tant
Dans ce CD qu’il a lui meême choisi
 
 Mais ses paupières sont lourdes
Lourdes, lourdes,
Une grande lassitude l’oblige souvent
A s’allonger doucement
Disant d’une voix à peine perceptible
« Je vais me reposer »
Sur ce canapé refuge
Où son faible corps soudain
Semble peser des tonnes
 
 Tous ces grands autour de lui
Le fatiguent
Ces bruits dans la maison
Le fatiguent
Ces longs jours d’immobilité
Le fatiguent
Sauf…
Sauf quand une voix charitable
Vient lui raconter une histoire
« L’histoire de l’enfant qui voulait devenir ours »
Ou celle des « Lutins perdus dans la forêt »
Ou celle encore…
 
 Ah ! Voilà de nouveau
Cette méchante femme en blanc
Avec son horrible épée de douleur
« Je ne veux pas ! »
« Je ne veux pas ! »
Et cet affreux cathéter
Qui lui colle à la peau
Comme un poignard déjà dans sa poitrine
« Non, je ne veux pas ! »
« Non ! Non ! »
 
 Des minuscules clochettes d’or
Teintent maintenant dans sa tête
Sa petite main s’est détendue
Son ventre où fermente sa douleur insidieuse
Prend la cadence de sa respiration
Et, lentement, le petit oiseau blessé
Se réfugie dans son silence…
 
ET NOUS ?
 
Pauvres adultes impuissants,
Nous les égoïstes, témoins inutiles
Nous
Qui nous plaignons parfois
De vétilles ridicules
Nous
Qui courons, chantons, dansons
En quête d’ un bonheur illusoire
Nous
Hagards, stupides, devant la douleur
Stupides
Devant cet enfant de 5 ans
Réfugié dans son silence
Où personne n’entre
 
 NOUS !
 
A quoi servons-nous ?
Pourquoi sommes-nous là
Incapables de partager
La détresse et la misère
L’injustice et la cruauté,
Avons-nous assez d’amour ?
Pourquoi ne prenons-nous pas
La place de petit être innocent
Qui nous regarde
Avec une gravité terrifiante
Qui nous responsabilise
Et qui semble nous dire
Suppliant
« Je vous en prie,
Donnez-moi
Encore un peu de vie… »
Publié dans:Poésie |on 23 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Madame, pardon !

Quand tu m’as recueilli dans la rue
Et qu’à l’abandon
Dans mes yeux toute joie disparue
J’ai dit : Madame, pardon !
 
Quand j’ai reçu un morceau de pain
Et que j’ai pleuré
Tellement, tellement j’avais faim
J’ai dit : Madame, pardon !
 
Lorsque j’ai pu prendre un premier bain
Sale à repousser,
J’ai eu honte de moi, à la fin
J’ai dit : Madame, pardon !
 
Lorsque patiente, tu m’as appris
Ma première leçon,
Bien malgré moi, je n’ai pas compris,
J’ai dit : Madame, pardon !
 
Une fois j’ai eu l’accès de fièvre :
Quarante degrés,
J’étais gêné, et du bout des lèvres
J’ai dit : Madame, pardon !
 
 Quand est arrivée cette étrangère
Venue me chercher
J’ai eu tout le chagrin de la terre
J’ai dit : Madame, pardon !
 
De là-bas j’écrivais chaque jour
Et je regrettais
De n’avoir pas montré mon amour
J’ai dit :Madame, pardon !
 
Tu m’as aidé à rester en vie
Contre vents, marées,
Chaque fois je n’avais qu’une envie :
Dire : Madame, merci !
 
 On m’a dit un jour : Elle est partie.
« Non ! c’est sûr ? c’est vrai ?, »
Et pour moi tu as laissé ceci :
Trois mots : Pardon, mon petit…
Publié dans:Poésie |on 22 mai, 2021 |Pas de commentaires »

Chaque matin

 Chaque matin à l’heure dite
Sur le chemin qui va trop vite
Je me répète sans le vouloir
C’est ma fillette que je vais voir
 
Chaque matin à l’heure dite
Je tends la main à la petite
Dont le visage plein de mystère
Rend une image un peu austère
 
Elle est muette dans la voiture
Je lui fais fête mais n’en a cure
Et son grand rire soudain éclate
Quand j’ose dire « eh ! bien patate ,
 
Je suis ton père embrasse-moi
Tu peux le faire il y a de quoi »
Après un temps tout se libère
Et c’est l’instant que je préfère
 
Puis c’est les jeux près de l’école
J’attends heureux chaque parole
Chaque matin à l’heure dite
Sur le chemin qui va trop vite
 
Je goûte ainsi à mille joies
Et mes soucis n’ont plus de poids
Plus la distance se raccourcit
Et plus je pense au temps qui fuit
 
Quelques minutes de chaque jour
Dans cette lutte pour cet amour
Puis c’est le seuil du pensionnat
Mon cœur en deuil la fin déjà
 
Chaque matin à l’heure dite
Sur le chemin qui va trop vite
Je recommence cette conquête
Espoir immense d’une miette
Publié dans:Poésie |on 21 mai, 2021 |Pas de commentaires »
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