C’eût été la chute

Cinquante ans déjà…
Pouquoi ces années 70 se bousculent dans ma mémoire ?
Il y avait les tee-shirts. Ils étaient blancs.Les demoiselles de bonne famille ( dont ma fille Marie-Laure) les arboraient fièrement avec la fameuse formule ; « Giscard à la barre » qui ornait leur poitrine plus généreuse que jamais.
Le reproche adressé à Mitterrand par Giscard : « Vous n’avez pas le monopole du cœur : ». faisait fureur. Le candidat socialiste n’avait rien trouvé de mieux comme slogan que « Mitterrand Président ». La rime était bien pauvre !
Ne pas oublier qu‘Emmanuelle était en permanence à l’affiche sur les Champs Elysées. Le cinémas était en pleine forme : Sautet tournait Vincent François, Paul et les autres. Yves Robert c’était ; Un éléphant ça trompe énormément, un scénario de Jean-Louis Dabadie. Adjani prenait une Gifle et quittait la Comédie Française. Dans Le vieux fusil Noiret déclarait sa flamme à Romy Schneider et dessoudait une garnison de SS. Les dents de la mer ont des effets indésirables : l’été les vacanciers hésitaient à se baigner.
Les films catastrophes avaient beaucoup de succès. Pour Tremblement de terre, les fauteuils vibraient au moment des secousses Les ambulances stationnaient devant les salles qui projetaient L’exorciste. Le public se tordait devant les exentricités de Monthy Python et les parodies de Mel Brooks. A nous les petites anglaises vantait le tourisme outre-Manche et préconisait une façon inédite de danser le slow. Taxi Driver raflait la palme d’or. Les chefs d’oeuvre encombraient les écrans : Apocalypse now, Voyage au bout de l’enfer, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Manhattan, Barry Lindon.
Dans les cafés les taxiphones fonctionnaient avec des pièces de 20 centimes. Les garçons apprirent avec un cri au cœur le mariage de Caroline de Monaco. Le Palace était la boîte incontournable où le disco régnait. Sur la piste des banlieusards en pantalons à pattes d’éléphant imitaient le Travolta de la Fièvre du samedi soir.. Le reggae rythmait les soirées. Gainsbourg en fit une Marseillaise, et échappa de peu à la vindicte des parachutistes. Bientôt, certains se mirent des épingles à nourrice dans le nez. Le punk déboulait. On mangeait des hamburgers entre deux théâtres pornos. Les dames étaient au volant de petites Auto-bianchi.
Bernard Hinault règnait sur le tour de France. En foot-ball les Verts raflaient la mise. A Roland Garros un suédois aux cheveux blonds jouant en fond de cour : Borg était toujours vainqueur. Mac Enroe, après ses services inédits, passait son temps à engueuler l’arbitre. Jimmy Connors poussait des cris de bucheron à chaque service, le paraguayen Victor Pecci avait une boucle d’oreille offerte par son père milliardaire, Guillermo Villas le vainqueur gaucher qui écrivait des poèmes.
Le dimanche après le gigot aux oignons, personne ne ratait Le petit rapporteur. Jacques Martin lançait Daniel Prévost et Pierre Desproges. Puis ce fut le tour de Collaro-show.. Georges Marchais avait son cri du cœur ; « Taisez-vous El-Kabach ! »
Impossible d’accepter un diner le soir avec « Apostrophes . Chez Bernard Pivot apparut Bernard Henri Lévy avec sa chemise blanche, Jean d’Ormesson avec ses yeux bleus. Un certain Ajar obtenait le Goncourt pour La vie devant soi. Bis dans la peau de Romain Gary qui se suicida. Modiano le Nobel.
Mais il était permis de rire avec La cage aux folles qui triomphait au Palais-Royal.
Thierry Le Luron parlait le Giscard à la perfection. Jean Louis Bory s’écharpait avec
Georges Charensol. Il se suicida -a -t- on idée?- le jour de la mort de John Wayne. On retrouve le cadavre de Jean Seberg à l’arrière d’une R.5. Khomeny se réfugie à Neauphle-le-chateau, voisin de Marguerite Duras. Le baron Empain est kidnappé et y laisse un doigt et son empire. Pasolini se laisse assassiner.
Quelque chose était en train de changer mais on ne savait pas quoi. Ce n’était pas seulement les diamants de Bokassa, ni les Bains-douches qui avaient supplanté le Palace. La musique se répétait : Un cinglé tirait sur John Lennon, les Stones essayaient de ne pas se séparer. L’air de rien, Spielberg et Lucas s’apprêtaient à détruire le cinéma qu’ils avaient aimé. Après La guerre des étoiles plus rien n’a été pareil. Le monde est devenu un parc à thème. Du coup, la nostalgie fait rage.
Aujourd’hui les tee-shirts « Giscard à la barre » se revendent fortunes.
Mais les années 70 c’était aussi :
Les disparus parmi d ’autres :
Picasso, P.Neruda, Pompidou, M.Pagnol, P.Fresnay, F.Blanche, D.Ellington, M.Simon, Visconti, V de Sicca, A.Magnani, M.Achard, Malraux, M.Callas, C.Chaplin, Nabokov,Clouzot, C.Dauphin, C.François, Coquatrix, J.Kessel, Rosselini, Y.Ptintemps, Bourvil, Giono, S.François, E.Triolet, Mauriac, Stravinski, Fernandel, S.Valladon, J.Romains, F.Gravey, M.Chevalier, Pasolini, G.Mollet, B.Crosby, E.Presley, J Wayne, L.Armstrong, Mariano, R Souplex, C. de Gaulle…
Mais aussi des événements tels que ;
Apollo 13, le Watergate, le TGV, Alain Collas la transat en solitaire, Bobby Fischer champion du monde aux échecs,, Mark Spitz 7 médailles aux J.O, l’affaire Dominici, 1er vol d’Airbus, la carte à puces, le roi Fayçal assassiné, création Microsoft, Borg remporte Rolland Garros, Mohamed Ali champion du monde pour la 13ème fois, Pasolini assassiné, Le Concorde, Création Apple, Les grosses têtes, le Centre Pompidou, début Eurotunnel, enlèvement baron Empain, assassinat Aldo Moro, 1er bébé-éprouvette, les diamants de Bokassa, Mère Teresa prix Nobel , PionnerIII survole Saturne.